7 janvier 2009

Les régimes font grossir

Tout d'abord, bienvenue à ma nouvelle (et première) lectrice. C'est un honneur et un plaisir de la recevoir. J'ai tout de suite adopté son blog lorsque je l'ai découvert (le design est vraiment superbe, en passant!).

En le parcourant, j'ai eu l'impression de me retrouver moi-même, là où j'étais il y a à peu près un an. C'en est presque troublant... C'est fou tout ce qu'on aurait à se dire elle et moi si on se rencontrait! Je suis ailleurs maintenant - pas plus loin, juste ailleurs - et je suis emballée à l'idée de suivre son parcours.

C'est son billet qui m'a inspiré celui que j'ai posté la dernière fois. J'espère ne pas avoir donné l'impression que je réagissais à ses propos; il est vrai qu'elle m'a donné l'idée du sujet, mais ce n'est pas chez elle que j'ai trouvé ce que je déplore.



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Il y a déjà un moment que je m'intéresse à la condition des gros. Il y a toutes sortes de raisons à cela, et je finirai bien par les aborder les unes après les autres. Je rappelle que je n'ai jamais pesé plus de 116 lbs...

Dans le obese-bashing, le surpoids est traité comme la manifestation ou le symptôme de la paresse. Pourtant, plus j'y réfléchis, plus ça me paraît invraisemblable.

J'ai aussi mes propres préjugés et instincts grossophobes. Bien que je cherche à les combattre, certains réflexes refont surface de temps à autre. Quand j'aperçois des bourrelets débordant d'un pantalon taille-basse et d'un chandail-bédaine qui ne suffisent pas à les contenir, c'est plus fort que moi : je me dis « Quelle horreur! », et j'ai la méchante envie de montrer à cette fille tout le dégoût qu'elle m'inspire...

Quand je vois une personne très, très obèse, du genre « obèse classe 3 », je me demande souvent « Comment peut-on en arriver là? Comment peut-on se laisser aller à ce point! »

Et plus j'y réfléchis, plus la réponse me semble loin de la question. Du laisser aller?

Personnellement, je n'y crois pas. Je n'arrive pas à concevoir qu'on devienne obèse par paresse, pour s'être laissé aller ou par simple négligence. Engraisser ou prendre du poids serait un phénomène passif, qui s'apparenterait à quelque chose de l'ordre du manque de vigilance.

Or, chez les personnes naturellement minces, il est très fréquent que le maintien du poids santé ne résulte d'aucun effort déployé en ce sens. Le respect passif des signaux de faim et de satiété assure la stabilité de la composition corporelle et un état de santé optimal.

Pour perdre du poids, il faut apprendre à en faire abstraction. C'est ce qu'on appelle la restriction cognitive. En termes qualitatifs, la sélection des aliments est retirée aux mécanismes de la faim, tandis que la quantité de nourriture consommée est soustraite au contrôle naturellement exercé par la satiété.

Nombreux sont les gens minces qui ne « se surveillent » pas. Ce sont ceux qui cherchent à perdre du poids ou qui craignent d'en prendre qui « font attention ». Que ces personnes soient minces ou obèses, elles ont en commun la préoccupation face à leur poids. C'est dans cette mesure qu'entre les deux oreilles, tous les problèmes de poids se valent. C'est pourquoi je me sens très proche des gros, une fois revenue de l'aveuglement du regard.

Je crois beaucoup à cette idée selon laquelle les régimes font grossir. Je n'avais pas de problème de poids avant que je décide de maigrir. Je pesais 106-108 lbs et je mangeais n'importe quoi sans m'en soucier le moins du monde. Maintenant j'en pèse 100 mais au prix de quels efforts! Ils me permettent de maintenir un équilibre relatif depuis un certain temps mais ils en conduisent d'autres de régime en régime et de rebond en rebond.

Nombreux sont les obèses qui ont accumulé la majorité de leur surpoids au fil de leurs tentatives d'amaigrissement. Privation, frustration, obsession, compulsion, [sur]compensation, et on reprend du début. Quelle proportion des gens en surpoids n'avaient que quelques livres à perdre au départ et jugeraient que c'était par caprice s'il leur était permis de revenir en arrière? Dans l'intervalle, ils auront développé à divers degré des troubles de la conduite alimentaire, espérant en vain que le remède vienne de la balance ou du miroir.

C'est entre les deux oreilles que ça se passe, et entre les deux oreilles que ça se règle. Je suis mince, lean et je « mange bien », or mon comportement alimentaire est loin d'être sain, puisqu'il est entièrement régi par l'obsession que j'entretiens face à mon poids. C'est exactement ce que vivent bon nombre d'obèses; le résultat diffère, mais la dynamique reste la même.

Si l'on tenait vraiment à faire de l'obésité le symptôme de quelque chose d'autre, je serais tentée d'en faire le symptôme des troubles du comportement alimentaire, générés et « nourris » par le désir de maigrir et les efforts déployés en ce sens. Dans cette perspective, l'obésité n'est pas un phénomène passif, mais précisément l'inverse. Elle témoigne de la corruption des signaux de l'appétit et de la satiété qui s'acquiert à mesure qu'on cherche à les combattre.

1 commentaire:

  1. L'obésité n'est pas seulement de la paresse. La mauvaise information (comme tu dis, les régimes à profusion, les niaiseries (comme les régimes miracles qu'on trouve partout et avec lesquels les crosseurs font de l'argent), l'inactivité physique qui grandit de plus en plus et la malbouffe qui est plus facilement accessible que le reste sont tous des facteurs contribuants.

    La paresse? Je dirais pas. Mais il y a un manque de volonté, c'est clair. Volonté de faire face à ses démons, volonté de vouloir travailler fort pour perdre du poids (et tu sais c'est quoi, n'est-ce pas?), volonté de dire non à 4733945365 tentations par jour, volonté de faire face à la pression culturelle.

    Oui, tout ça est très dur. Mais comment une personne peut se laisser aller comme ça? Non seulement par un manque de volonté mais y'a aussi le manque d'estime de soi, l'amour qu'on a pas pour soi, le sentiment qu'on mérite pas d'être bien dans sa peau, etc.

    Et pardonne-moi de prendre ton commentaire sur ton "bienvenue" un peu personnel (!), mais bien que je puisse te faire penser à moi "il y a un an", je pense que tu ne sais pas grand chose de ce que je pense et ressens réellement... Je fais beaucoup de généralisation sur mon site, mais quand je pense réellement à "une cause", je m'y attarde de façon particulière, car c'est toujours du cas par cas.

    Heureusement tu as compris ça puisque c'est pas de moi que tu le déplores!

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